10 novembre : nous avons reçu le récépissé de la Préfecture confirmant que notre collectif est bel et bien enregistré comme association loi 1901 ouverte à toutes celles et tous ceux qui veulent défendre notre clinique, tous ses services et tous ses emplois. Nous invitons tous les habitants, élus, syndicalistes à y adhérer. La cotisation est fixée à 5 euros pour l’année. C’est pas cher et on peut même donner plus !
12 novembre : Nous avons été reçues au ministère. Nous, trois salariées et Josiane Bouchenez, secrétaire de l’Union locale d’Alfortville, Odette Terrade, sénatrice du Val de Marne et Dominique Touquet, adjointe au maire d’Alfortville. Une délégation de cinquante personnes nous a accompagné jusqu’aux abords du ministère. Jusqu’au dernier moment, nous ne savions pas si nous allions être reçues. Et, finalement, nous avons été écoutées pendant plus d’une heure et demi par deux conseillères de Madame Bachelot. Nous reproduisons ci-dessous l’intervention de Samira Guerroumi faite juste avant cet entretien devant les participants à cette délégation qui a servi de base à notre argumentation.
Prenant de cours les salariées et leur C.E, les médecins et les patients, la direction de la Polyclinique La Concorde veut fermer les blocs opératoire et obstétrical, le 13 novembre prochain. Face à ce coup de force, nous avons décidé de vous remettre ce dossier pour faire valoir l’intérêt de la santé publique dans notre secteur qui doit prévaloir sur toute autre considération au plus court terme.
En outre, les patients ne sauraient pâtir des éventuelles erreurs de gestion passées et présentes et de difficultés financières dont ils ne sont pas responsables. Pas plus que le personnel dont le dévouement et la technicité sont reconnus de tous.
Tout d’abord, nous rappelons que les agissements de la Direction de la Polyclinique s’appuient sur une décision de l’agence régionale de l’hospitalisation du 22 septembre qui préconise la reconversion complète de la clinique en centre de soins de suite, par la liquidation des services de Médecine, Chirurgie et Obstétrique.
Cette décision unilatérale méconnait les spécificités du secteur géographique d’Alfortville.
la population d’Alfortville a augmenté de 17,88 % en 7 ans (1999/2006)
la population rajeunit puisque la tranche 15 ans/44 ans représente 47% du nombre total d’habitants en 2006.
Dans le même temps, le taux de natalité est passé de 17,4 à 18,6 pour mille, ce qui a abouti à plus de 800 naissances par an dans les foyers alfortvillais. Ce qui est bien supérieur à la moyenne départementale (env.15 pour mille)
Potentiellement, notre établissement pourrait réaliser bien plus de 500 accouchements par an. D’autant que les villes limitrophes de Choisy le Roi et de Maisons Alfort sont dépourvues de toute structure hospitalière.
Une chose est sûre : on peut supprimer un service mais, en revanche, on ne peut pas supprimer les besoins qui l’ont rendu nécessaire et utile.
Sur le fond, nous pensons que les structures de niveau 1 sont un maillon de la chaîne de la santé publique et que les plateaux techniques des établissements de niveau 2 et 3 doivent être réservés aux grossesses à risque. La fermeture progressive d’établissements de proximité comme le nôtre entraîne la saturation des services de niveau 2 et 3 et une surcharge de travail pour leur personnel qui fragilise la sécurité des patients et leur suivi. Ainsi, à St Maurice et Créteil (intercommunal), les carnets d’inscriptions en maternité sont pleins jusqu’en février prochain. Il existe donc, qu’on le veuille ou non, un risque de crise sanitaire.. En chirurgie, il faut attendre des mois pour subir des interventions bénignes dans les hôpitaux dont les plateaux techniques sont conçus pour des opérations lourdes et délicates. Combien de mois faudra-t-il attendre pour une opération de la cataracte au CHU Mondor, une fois « transformée » la clinique La Concorde ?
D’autre part, il nous a paru utile de dresser un comparatif entre Neuilly-sur-Seine et Alfortville
Neuilly : 61 471 habitants. 5 cliniques privées et un Centre hospitalier intercommunal. Soit un établissement pour 10245 habitants
Alfortville : 42 743 habitants, 1 clinique privée à ce jour et donc un seul établissement pour 42 743 habitants. Soit un établissement pour 4 fois plus de patients potentiels.
Nota bene : à Alfortville, la population de 20 à 39 ans représente 35% de la population contre 27% à Neuilly. Et, pourtant, à Neuilly, on dénombre trois services de maternité. Il est à noter que le service de Maternité de l’hôpital américain est proche de ce que vous appelez le « seuil critique des 500 accouchements ».
Bien entendu, ces quelques comparaisons se passent de commentaires, elles parlent d’elles-mêmes, la composition sociale de ces deux villes étant sans commune mesure. Demain, la « proximité » sera-t-elle l’apanage des couches les plus aisées et des villes dites «riche» ? Quant au seuil de technicité des actes à l’année (qui est rehaussé au fil des ans en lien, semble t-il, avec le déploiement de la tarification de l’acte), son caractère global finit par le rendre insignifiant car il ne rend pas compte du nombre d’acte par praticien, par sage femme, qui donnerait une meilleure évaluation de la technicité du personnel soignant que les estimations globalisantes.
S’agissant de l’implantation d’un centre de Soins de suite qui aurait pu être établi à l’étage vacant de notre établissement, la préfecture nous a fait valoir qu’il répond à des besoins de soins au niveau régional. Dont acte. Mais cela ne manquera pas de poser problème : pourquoi les besoins régionaux devraient-ils empiéter sur les besoins locaux ? S’il s’agit d’un besoin régional, n’y a-t-il pas la place pour construire des centres dédiés aux Soins de suite sur des terrains vacants de notre secteur, comme à Saint-Maur par exemple ou Sucy-en-Brie ?
En bref l’ARH n’a pu nous opposer une baisse de la demande de soins dans le secteur considéré.
Quoi qu’il en soit, nous considérons que la décision prise conjointement par l’ARH et le groupe AMS est, au minimum, hasardeuse. Au demeurant, après avoir lâché la proie pour l’ombre, rien ne nous garantit que les SSR, prochainement soumis à la T2A, ne soient pas « déficitaires » à leur tour. Aussi bien, du point de vue de l’intérêt général de nos concitoyens, le maintien de la Polyclinique, de tous ses services et de tous ses emplois est nécessaire et vital.
13 novembre : derniers accouchements avant cette fermeture à marche forcée. Derniers actes chirurgicaux. Interviewée par le Parisien, Amel, qui a donné naissance à l’un des derniers bébés à La Concorde, répond : « Ici, on est aux petits soins avec nous. C’est important de voir que le personnel est aussi attaché à cet endroit que nous. Cela peut paraître capricieux mais je me vois mal accoucher ailleurs ».
Nous attendons maintenant la réponse du ministère qui étudie notre dossier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire